Voyager à tout âge en sac à dos
Comment nous avons appriviosé les voyages en sac à dos.
Qui n’a pas rêvé de partir un jour sac au dos, à la découverte de destinations exotiques ?
Si vous pensez que l’idée est trop «wild» pour vous, dites-vous que lors de notre premier voyage, Sylvie et moi pensions comme vous !
Cette manière de parcourir la terre qu’on apprivoise le plus souvent à 20 ans exige encore plus d’ajustements au fur et à mesure du temps qui passe. En vieillissant, on devient plus conscient des risques encourus et le stress se montre beaucoup plus difficile à gérer. La peur ou la simple crainte de l’inconnu peuvent être paralysantes au point d’empêcher bien des rêveurs d’entreprendre pareille aventure.
Nous y avons donc mis le temps indispensable pour surmonter nos craintes et respecter nos limites tout en sortant de nos zones de confort, une étape à la fois. L’Europe nous a servi de «terrain d’entraînement» pour apprendre à mieux nous connaître, à définir nos limites de tolérance et d’audace et à mâter certaines de nos appréhensions.
L’Europe d’abord…
Notre premier voyage en France ne nous a pas vraiment demandé de grande adaptation : même culture ou presque, très peu de choses dérangeantes, juste quelques situations inattendues, mais rien de trop inhabituel à surmonter. Pendant la préparation de notre second voyage en Italie, Sylvie et moi avons réalisé que nous devrions nous adapter à la langue, aux transports en commun des grandes villes, bref, à mille et un petits obstacles inédits. Pour la première fois, nous sortirions de notre environnement sécuritaire. Je nous revois encore, complètement perdus et
stressés dans une petite ville, tout simplement parce que nous ne retrouvions pas l’autobus du retour à l’hôtel ! Mieux : je m’entends encore dire à ma compagne Sylvie : «Je crois qu’on n’est pas prêts pour l’Asie».
Au fil des années, à chaque nouveau voyage nous avons relevé de nouveaux défis et apprivoisé des peurs inattendues. Nous avons appris à nous parler lorsqu’on était un peu tendus et à prendre le temps de désamorcer des situations stressantes. Au fur et à mesure du temps, nos itinéraires nous ont conduits tout naturellement en Turquie, marquant ainsi le point tournant de nos déplacements. Nous étions assez à l’aise pour voyager au sein de grandes villes étrangères ; nous déplacer avec les locaux était pour nous une source d’enrichissement, de contacts et de détente. Ce pays de culture musulmane à cheval entre l’Occident et l’Orient peut être à la foisenvoûtant et déstabilisant, surtout lorsqu’on en découvre l’arrière-pays. Ce périple nous a transformés : nous étions prêts pour la grande «conquête» asiatique.
L’Asie ensuite
Même dûment préparés pour notre découverte de la Thaïlande, un petit choc culturel nous y attendait lorsque nous avons mis les pieds à Bangkok pour la première fois. L’incapacité à déchiffrer les noms des rues, l’immersion dans des foules si denses, l’omniprésence du bruit et la chaleur écrasante, autant de facteurs qui auraient pu nous déstabiliser sur le coup mais qui, grâce à nos apprentissages passés, ont pu être apprivoisés facilement.
Ainsi, nous sommes tombés en amour avec la culture asiatique.
Nous avons alors décidé de prendre notre temps et d’y aller un pas à la fois. Cette philosophie nous a poussés à poursuivre nos tournées immersives dans tout l’Asie du Sud-Est. Je me rappelle notre arrivée en bus au poste frontalier de Poipet, un
«no-man’s land» situé entre la Thaïlande et le Cambodge, une petite enclave sans drapeau entre deux pays où le temps semble s’être figé depuis cent ans, tant la réalité qu’on y côtoie semble éloignée de la nôtre. Notre première vision des lieux est celle de la misère et de la pauvreté, celle de ces hommes impassibles, résignés à leur sort, tirant des voiturettes à bras. «Tu descends de l’autobus dans un capharnaüm où charrettes, autobus et camions se partagent le chemin, le tout agrémenté des cris des vendeurs de faux visas et autres petites arnaques en tous genres pour qui tous les moyens sont bons pour écouler leur marchandise. » Il va sans dire que plusieurs jeunes «backpackers» plus ou moins préparés, étaient un peu désorientés par cet endroit qui semblait surgir d’une autre planète.
À la frontière de Poipet, côté cambodgien
Si, au début de nos voyages, on m’avait dit que ces situations existaient ailleurs dans le monde, j’aurais probablement refusé net de vivre semblables expériences. Maintenant, l’Asie est pour nous source de réconfort : nous avons le sentiment d’y être un peu comme chez nous. À titre d’exemple, partir en minibus avec les locaux comme nous l’avons fait lors de notre voyage au petit hameau de Bac Ha perdu dans les montagnes vietnamiennes du Nord, nous a émerveillés et comblés.
En transit pour Bac Ha au Vietnam
Pour notre prochain voyage, nous voulons «pousser la machine » en prenant la direction de l’Amérique du Sud pour y connaître d’autres cultures, d’autres langues, d’autres mœurs. Notre bagage d’expériences nous rend confiants de surmonter toutes les difficultés, quelles qu’elles soient.
Voyager sac au dos n’est pas l’apanage des jeunes : il faut juste prendre son temps, évaluer ses limites, faire ses apprentissages et, enfin, choisir le bon partenaire pour partir à la découverte du monde.